- ratatiner
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• se ratatiner « se rapetisser en se desséchant » 1662; retatiner « effacer les plis » 1508; rad. tat-, exprimant l'amoindrissement, p.-ê. d'un gallo-roman °tacticare → attaquer1 ♦ Rapetisser, réduire la taille de (qqn) en déformant. « Quel travail a pu le ratatiner ainsi ? » (Balzac ).2 ♦ Fig. et fam. Se faire ratatiner : se faire battre, écraser (au jeu, dans une compétition).♢ (1932) Pop. Tuer, anéantir. — Par ext. Casser, démolir.3 ♦ SE RATATINER v. pron. Se contracter, se réduire en se déformant. Pomme tombée qui se ratatine. ⇒ se rider. Vieillard qui se ratatine. ⇒ se tasser.♢ Par ext. Se ramasser sur soi-même pour tenir moins de place. ⇒ se recroqueviller. « Vous vous ratatinez frileusement, au lieu d'accepter d'être cinglé par le vent » ( Montherlant).Synonymes :- bousiller (populaire)ratatinerv. tr. Raccourcir, resserrer en déformant, en plissant.|| v. Pron. Cuir moulé qui se ratatine en séchant.⇒RATATINER, verbe trans.A. — Empl. trans.1. Qqc. ratatine qqc.a) Réduire la taille d'une chose en la déformant. Synon. rabougrir, racornir, rapetisser. Le phylloxéra a complètement ratatiné les feuilles (Hachette 1980).b) P. ext., pop. Endommager gravement, mettre hors service, détruire. Synon. pop. bousiller. La bombe a ratatiné la maison (QUILLET 1965).2. a) Fam. Qqc. ratatine qqn. Synon. rabougrir, racornir, rapetisser.— [Le suj. désigne un agent phys., un phénomène physiol.] Rendre quelqu'un plus petit et plus maigre. L'âge, au lieu de la ratatiner [une femme], comme il arrive, la rendait énorme (GREEN, Journal, 1934, p. 274).— Au fig. [Le suj. désigne un affect ou un événement, un acte susceptible de provoquer une émotion] Diminuer la personnalité, le caractère de quelqu'un, le priver d'une partie de ses ressources morales ou intellectuelles. Empl. abs. Je souffrais de quelque chose de mesquin, de subalterne où l'élan de mon imagination était gêné, irrité. C'était insupportable au matériel et au moral. Cela refroidit, ratatine (BARRÈS, Cahiers, t. 1, 1896, p. 35).b) Pop. Qqn ratatine qqn. Battre quelqu'un; p. méton., tuer quelqu'un. On n'aime pas les Boches dans la famille. Tu vas voir maman tout à l'heure. Quand on va lui dire qu'on en a ratatiné deux, elle fera un gâteau maison (FALLET, Banl. Sud-Est, 1947, p. 317). V. compte ex. 1, fils I A 1 b ex. de Camus.— Se faire ratatiner. Se faire tuer. — Tu es sûr que tu as envie de te faire ratatiner? — J'ai pas envie de me faire ratatiner: j'ai envie de descendre un Fridolin (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 152). Au fig. Se faire battre au jeu; échouer dans une compétition. (Ds ROB.).B. — Empl. pronom.1. Qqc. se ratatine. Diminuer de taille ou de volume; se déformer en desséchant. Synon. se racornir. Le parchemin se ratatine au feu (Ac.). Le poumon n'étant plus gonflé par l'air inspiré qui fuit en partie, se rapetisse et se ratatine (GARCIN, Guide vétér., 1944, p. 112).— En partic. [Le suj. désigne un fruit ou un végétal] Se dessécher en perdant plus ou moins sa forme naturelle, ses couleurs ou sa consistance. Synon. se flétrir. Ces fruits cueillis trop tôt, qui se ratatinent, se momifient, au lieu de mûrir (MARTIN DU G., Notes Gide, 1951, p. 1404). P. métaph. Tout ce qui est arrivé depuis [un événement] se ratatine, se dessèche, ne forme plus qu'une espèce de comprimé sans suc (ARNOUX, Solde, 1958, p. 165).2. Qqn se ratatinea) Familier— Devenir plus petit et plus maigre (sous l'effet de l'âge, de la maladie). Synon. se rabougrir, se rapetisser, se tasser. Petite, maigre, blafarde, vêtue de cette mince robe noire qu'on eût dit taillée dans la toge d'un plaideur, elle s'était ratatinée (ZOLA, Curée, 1872, p. 371). Le duc (...) avait diminué en prenant de l'âge; il s'était rétréci, ratatiné, abrégé d'une dizaine de centimètres (MORAND, Fin siècle, 1957, p. 175).— P. anal. Se ramasser sur soi-même, se faire tout petit. Synon. se recroqueviller. Désirée s'assit près de l'âtre et elle se ratatina, se fit petite, la tête basse, les pieds juchés sur les bâtons de la chaise (HUYSMANS, Sœurs Vatard, 1879, p. 231). J'ai voyagé, depuis Laroche, avec une nourrice énorme qui me gênait bien. Quel fessier! J'avais beau me ratatiner: elle croulait sur moi (RENARD, Corresp., 1901, p. 247).b) Pop. Se ratatiner dans, sur qqc. Heurter violemment (avec des dommages physiques ou corporels souvent importants). Ce fou du volant s'est ratatiné contre un platane (Lar. Lang. fr.).REM. Ratatinage, subst. masc. Synon. rare de ratatinement (infra dér.). Il y a, dans le ratatinage nerveux de sa petite tête, du repoussant (GONCOURT, Journal, 1873, p. 951).Prononc. et Orth.:[
], (il) ratatine [-tin]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. a) 1606 ratatiné « flétri, ridé (en parlant du gland d'un chêne) » (NICOT, s.v. chesne); b) 1637 « rapetissé par l'âge ou quelque maladie (en parlant d'un vieillard) » (L. C. DISCRET, Alizon, V, 4 ds GDF. Compl.); 2. a) 1662 se ratatiner « se rapetisser en desséchant » (RICHER, Ovide bouffon, 445 ds BRUNOT t. 3, p. 224); 1690 se ratatiner « se flétrir, se rider » (FUR.); b) 1835 ratatiner « rider, flétrir » (BALZAC, Goriot, p. 19); c) 1932 « tuer » (d'apr. ESN.). Mot expr. formé sur le rad. tat- qui, avec des suff. dimin., évoque la diminution, l'amoindrissement d'un état, d'une action (cf norm. tatiner « chuchoter », Tournai tatonner « grommeler, murmurer », tatin « petite quantité » ca 1550 ds HUG.; v. FEW t. 13, 1, p. 127b-128 et BL.-W.3-5). Anciennement on disait retatiner (1508 « effacer les plis », M. MENOT, Carême de Tours ds Revue du 16e s., t. 7, p. 118; 1611 retatiné adj. « ratatiné », COTGR.). La substitution de la voy. a à la voy. e s'explique sans doute par la volonté de renforcer la valeur onomat. du mot. Fréq. abs. littér.:155.
DÉR. Ratatinement, subst. masc. Action de ratatiner, fait de se ratatiner; état d'une chose, d'une personne qui (s')est ratatinée. Ratatinement d'un fruit. M. Mouillac avait (...) ce ratatinement de physionomie des vieux, dont les ans ont parcheminé chaque muscle (ESTAUNIÉ, Simple, 1891, p. 15). Au fig. Il faut lire cet ennuyeux ouvrage [l'Intelligence de Taine], parce qu'il est un remarquable spécimen du ratatinement de l'intelligence (L. DAUDET, Stup. XIXe s., 1922, p. 98). La pseudo-civilisation mercantile du capitalisme libéral a provoqué une réduction, un ratatinement de la théorie globale et plénière de l'évaluer (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 474). — []. — 1res attest. 1845 « action de se ratatiner » (CALMEIL, La Folie, t. 2, p. 211); 1873 « état d'une femme ratatinée » (GONCOURT, Journal, p. 958); de ratatiner, suff. -(e)ment1.
ratatiner [ʀatatine] v. tr.ÉTYM. 1606, ratatiné, in D. D. L.; 1662, se ratatiner « se rapetisser en se desséchant »; retatiner « effacer les plis », 1508; rad. tat-, exprimant l'amoindrissement, p.-ê. d'un gallo-roman tacticare. → Attaquer (P. Guiraud).❖1 Rapetisser, réduire la taille de (qqn) en déformant.1 Quel travail avait pu le ratatiner ainsi ?Balzac, le Père Goriot, Pl., t. II, p. 856.2 Fig. et fam. || Se faire ratatiner, se faire battre (au jeu, dans une compétition, à la guerre).1.1 Ah ! ce n'est pas drôle, Paris en ce moment. Je me demande si Chancel n'a pas eu raison, je ne dis pas de se faire ratatiner, mais d'aller se battre.S. de Beauvoir, les Mandarins, p. 63.1.2 Ce n'est pas la crainte, expliqua-t-elle, c'est surtout la parole que j'ai donnée de ne jamais indiquer le lieu où sont cachées des… armes.— Même si moi, par exemple, j'avais besoin de l'une d'elles pour ratatiner un salaud ?Francis Carco, les Belles Manières, p. 100.——————se ratatiner v. pron.1 (1662). Se contracter, se réduire en se déformant. || Pomme tombée qui se ratatine. ⇒ Dessécher (se), rider (se). || Vieillard qui se ratatine. ⇒ Rapetisser, recroqueviller (se), tasser (se). || Une petite vieille femme qui paraissait se ratatiner dans ses pauvres vêtements (→ 2. Estrade, cit. 1).2 La chaleur du foyer agissait sur les vêtements du jeune homme qui se ratatinaient et s'appauvrissaient encore sous l'effet de la chaleur.P. Mac Orlan, Quai des brumes, II.2.1 Je regardais les maisons marcher à reculons, par la vitre arrière. La route se ratatinait comme les poignets de ma grand-mère.Geneviève Dormann, le Chemin des dames, p. 10.2 (1690). Se ramasser sur soi-même pour tenir moins de place. ⇒ Recroqueviller (se); petit (se faire). || On se ratatine pour se soustraire au danger (→ Apathie, cit. 4).3 — Vous vous ratatinez frileusement, au lieu d'accepter d'être cinglé par le vent.Montherlant, les Lépreuses, I, III.3 (XXe). Fam. (Sujet n. de personne). || Se ratatiner dans, sur, etc. : heurter violemment (avec une idée de dommage corporel plus ou moins grave, de blessure). || Elle s'est ratatinée dans un poteau électrique.——————ratatiné, ée p. p.♦ Rapetissé et déformé. || Pomme ratatinée. ⇒ Rabougri. || Visage ratatiné. ⇒ Flétri, ridé. || Personne ratatinée, tassée par l'âge, la maladie. ⇒ Recroquevillé (→ Fragile, cit. 6). — Ramassé sur soi-même. ⇒ Pelotonné, ramassé, replié. || Malade ratatiné et grelottant (cit. 2). — Fig. ⇒ Racorni.4 (…) je la déclarai plus aimable et plus du monde que ma famille triste, ratatinée (ce fut mon mot), sauvage, ne donnant jamais à souper, n'allant jamais dans un salon où il y eût dix personnes (…)Stendhal, Vie de Henry Brulard, 28.5 (…) le visage plissé, ratatiné, culotté tel qu'un vieux buis, s'enfonçait dans un taillis de poils blancs (…)Huysmans, En route, II, II.6 Gottfried avait en effet l'air vieilli, ratatiné, rapetissé, rabougri; il respirait d'un petit souffle pénible et court.R. Rolland, Jean-Christophe, L'adolescent, III, p. 368.7 La boîte fut ouverte et l'oiseau apparut, ébouillanté, ratatiné entre de larges tranches de truffes à l'odeur obsédante.G. Duhamel, Salavin, I, VI.♦ Fig., fam. Démoli, hors d'usage. || Nous l'avons échappé belle, mais la voiture est complètement ratatinée.❖CONTR. (Du p. p.) Élancé, épanoui.DÉR. Ratatinage, ratatinement.
Encyclopédie Universelle. 2012.